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LA GUERRE DES DIEUX,

Les mains en croix sur leur maigre poitrine,
Et par milliers franchir à la sourdine
Le mur sacré qui cerne tes états. »
Partez, Mercure ; allez les reconnaître,
Dit Jupiter, et sachez leurs desseins.
Minerve alors : « Ces gens-là sont peut-être
De nouveaux dieux devenus nos voisins.
— Le croyez-vous, ma fille ? — Je le crains.
À nos dépens l’homme commence à rire,
Et nos excès prêtent à la satyre.
Nous vieillissons, je le dis sans détour :
Notre crédit baisse de jour en jour ;
Je crains Jésus. — Fi donc ! ce pauvre diable,
Fils d’un pigeon, nourri dans une étable,
Et mort en croix, serait dieu ? — Pourquoi non ?
— Le plaisant dieu ! — Plus il est ridicule,
Mieux il convient à l’espèce crédule
Chez qui tout prend, excepté la raison.
Sa loi d’ailleurs aux tyrans est utile ;
De l’esclavage elle rive les fers ;
De Constantin la politique habile
L’adoptera : malheur à l’univers ! »