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LA GUERRE DES DIEUX,

Quittant du ciel la demeure étrangère,
Nous retournons sagement sur la terre.
— Je vous en crois ; mais l’on ne passe pas.
J’en suis fâché pour vos jeunes appas.
— Beau général, votre bouche est sévère ;
Heureusement vos regards sont plus doux.
Vous nous prenez pour femmes d’importance,
Vous vous trompez : grisettes comme nous
Peuvent passer, et sont sans conséquence.
— Mais vous portez des vivres à vos dieux,
C’est aux chrétiens un dommage, une injure.
— Non, ces fruits-là sont pour nous, je vous jure
On se nourrit autrement dans les cieux.
— Elle a raison. Quoi ! ces grappes vermeilles
Ne tentent point vos maîtres dédaigneux ?
— Jamais Noé n’en cueillit de pareilles,
N’est-il pas vrai ? — Je le crois. — Faites mieux,
Goûtez. — Oh ! non. — Goûtez-en, je le veux.
À vos soldats mes compagnes honnêtes
Ont présenté leur déjeûner frugal ;
Faites comme eux, aimable général.
— Eh bien, donnez, friponne que vous êtes.