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CHANT V.

Remarques-tu cette marche assurée,
Ces pieds de bouc, ce regard indécent ?
Il a tout l’air d’un Satyre naissant.
— Satyre ou non, partout il saura plaire ;
De l’autre Amour c’est sans doute le frère. »
À l’ignorant qui juge avec rigueur,
Cet entretien doit paraître un peu leste ;
Mais dans les camps cherche-t-on la pudeur ?
L’oisiveté, l’exemple si funeste,
À la licence y disposent le cœur :
On n’y croit pas à la valeur modeste ;
L’oreille y veut de graveleux discours,
Des mots hardis ; et l’homme le plus sage,
Sans le vouloir, y prend en peu de jours
D’un grenadier les mœurs et le langage.
Il te sied bien, vain et chétif mortel,
De critiquer ce que l’on dit au ciel !
Esral approche, et fortement il crie :
« Halte-là ! — Soit, lui répond Agérie.
— Où courez-vous si gaîment ? et pourquoi
Porter ici votre pied téméraire ?
— Le sage dit : On n’est bien que chez soi.