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LA GUERRE DES DIEUX,

Serrent les rangs, et marchent à grand pas
Sur l’ennemi qui ne s’enfuyait pas,
Et qui gaîment poursuivait son voyage.
« Ces femmes-là n’ont pas peur, et font bien,
Dit l’ange Esral ; j’aime assez les déesses. »
Saint Jean répond : « Leur habit, leur maintien,
Ne semblent pas annoncer des princesses.
— Reconnais-tu ce que porte leurs mains ?
— Un léger thyrse et d’excellens raisins.
Ce sont, je crois, de jeunes vivandières ;
À nous combattre elles ne songent guères.
— La peau d’un tigre enveloppe à demi
Leurs corps d’albâtre : et conviens, mon ami,
Que leur beauté vaut bien les frais d’un siége.
Quel air fripon ! de pampres couronnés,
Leurs cheveux noirs, aux vents abandonnés,
Font ressortir leurs épaules de neige.
Leurs jeunes mains caressent tour-à-tour
Ce bel enfant, qui sans doute est l’Amour.
— Serait-ce là le fils de Cythérée ?
Non ; voilà bien ses ailes, son flambeau ;
Mais je ne vois ni carquois ni bandeau.