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CHANT IV.

À mes desirs tu peux me reconnaître.
— Oses-tu bien ?… — L’amour sait tout oser.
— Quelle imprudence ! On t’aura vu peut-être !
— Non, les païens occupent nos soldats,
On crie, on pleure, on caresse, on s’échine :
Je viens aussi, mon ange, à la sourdine,
Te violer ; mais tu ne crieras pas.
— Tes yeux encor me trouvent donc passable ?
— Tu le sais trop ; l’amour, le tendre amour
Est mon seul bien, il me rend supportable
Du paradis l’insipide séjour.
Je périrais d’ennui, sans ta présence.
Ces charmes-là sont les dieux que j’encense.
Dieux du bonheur, dieux potelés et doux,
Dieux complaisans, tant fêtés sur la terre,
Je vous adore, et n’adore que vous. »
Lecteurs dévots, laissons-le dire et faire ;
D’autres pécheurs attendent nos regards.
Sur eux les Saints fondent de toutes parts ;
On les empoigne au milieu des pucelles,
Non pas debout, mais couchés auprès d’elles ;
Non pas auprès ; qu’importe ? Ils sont tous pris.