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LA GUERRE DES DIEUX,

Rodait sans cesse autour de l’ermitage.
Vous concevez ma honte et mon courroux.
À son destin j’abandonne la belle,
Et me voilà ; des esprits comme nous
Ne sont pas faits pour tenir la chandelle.
Ainsi parlait cet ange humilié.
Loin d’applaudir au courroux qui l’agite,
De sa disgrace on riait sans pitié.
On eût mieux fait pour notre Israélite
De s’endormir. Dans un coin retiré,
Craignant les yeux, il se lassait d’attendre ;
Arrive enfin le moment désiré.
Des cris confus de loin se font entendre :
« Alerte ! alerte ! Aux brebis du Seigneur
Priape en veut. Debout ! qu’on se dépêche !
Ils sont ici. Non, c’est là qu’ils font brêche.
À droite ! à gauche ! au Satyre ! au voleur ! »
Le rusé Juif, dans ce trouble propice
Qu’entretenait le lugubre tocsin,
Facilement accomplit son dessein.
Dans la chapelle en secret il se glisse.
« Qui va là ? — Moi. — Qui vous ? — À ce baiser,