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CHANT IV.

Pour suppléer à cette discipline
Qu’elle n’a plus, elle veut ramasser
Le caillou dur, et la ronce et l’épine ;
Sur ce beau lit elle prétend coucher.
Dans les buissons elle va donc chercher
Épine et ronce ; et la nuit déjà sombre,
Pour l’arrêter semble épaissir son ombre.
Au même instant la plus douce des voix
Lui dit ces mots : « Écoute et sois sans crainte,
On péche encore alors que l’on est sainte.
Dieu te pardonne ; il t’aime, tu le vois.
Ne cherche plus la ronce ni la pierre ;
Va, le sommeil est fait pour ta paupière. »
Vive à l’excès, mais courte fut sa peur,
Et le chagrin s’éloigna de son cœur.
Elle regagne aussitôt sa chaumière.
Le vent sans doute éteignit la lumière
Qu’elle y laissa : très-bien l’on s’en passait,
La jupe tombe, ensuite le corset ;
D’un léger voile elle entoure sa tête ;
Et la chemise est son seul vêtement :
Elle se couche. Ô prodige charmant !