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LA GUERRE DES DIEUX,

Ne voyant pas s’altérer leur couleur,
Ni leurs parfums, elle dit dans son cœur :
« Ces présens-là me viennent du Seigneur ;
Je les reçois, mais je n’en suis pas digne. »
En y goûtant, elle réfléchissait
Sur ce miracle, et dans sa petite ame
La vanité doucement se glissait ;
Car une sainte, hélas ! est toujours femme.
La mienne au moins de ce naissant poison
Sut préserver à tems son innocence.
Elle savait, malgré son ignorance,
Que sur ce point Dieu n’entend pas raison.
Sachant aussi, qu’à la moindre fredaine,
Il est prudent d’ajouter aux remords
La discipline ; elle cherche la sienne,
Bien résolue à fouetter son beau corps.
Nouveau miracle ! elle trouve à sa place
Un gros bouquet de myrtes et de fleurs.
Sur ses genoux elle tombe avec grace,
Et du Très-Haut reconnaît les faveurs.
Mais cependant son péché la chagrine,
Et sa ferveur brûle de l’effacer.