Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LA GUERRE DES DIEUX,

Je crois entendre et j’entends les doux sons :
Je me retourne, et sur mon secrétaire
Je vois perché le plus beau des pigeons.
À cet éclat, à cette voix divine,
Sur mes genoux je tombe, je m’incline,
Et dis : « Seigneur que voulez-vous de moi ?
— En vers dévots il faut chanter ma gloire,
Il faut chanter notre antique victoire,
Et des Français corroborer la foi.
— Hélas ! Seigneur, à cette œuvre sublime
D’autres auraient un droit plus légitime.
De vos combats, de vos exploits divers,
Quoique dévot, j’ai peu de connaissance :
Le tems d’ailleurs corrige les travers ;
Et j’ai sans peine abjuré prose et vers.
— Je le sais bien ; mais à ton impuissance
Je suppléerai : recueille tes esprits,
Sois attentif ; je vais dicter, écris. »
Sans examen je dois donc tout écrire.
Si dans mes vers se glissent quelquefois
Des traits hardis étrangers à ma lyre,
On aurait tort d’en accuser mon choix,