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Des parfums d’amour pur s’épanchent des corolles
Comme des myrtes verts et des rosiers sacrés,
Et les fleurs ont le port des anciennes idoles.

Chacune a conservé ses traits fins et nacrés,
Sources des passions qu’éprouvaient les poètes,
Et des espoirs d’amours plus doux y sont entrés.

Et les glaives divins suspendus sur leurs têtes
Les poussent dans les bras de leurs joyeux amants,
Et — sans voiles — leurs chairs aux spasmes saints sont prêtes.

Ils célèbrent leurs vœux en madrigaux charmants,
Et tandis qu’enivré de leurs tendres paroles,
Le Désir se promet de radieux moments,
 
Des parfums d’amour pur s’épanchent des corolles.

C’est le Paradis saint des ciseleurs de vers,
C’est l’Éden attirant des amants de la Muse,
Des charmeurs innocents de l’immense Univers.

Au son de la phormynx et de la cornemuse,
Tous vivent, couronnés d’un laurier éternel,
En proie au chant divin qui toujours les abuse :