Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le dernier Rêve


Au fond endolori des suprêmes vesprées
Où meurent en silence et les yeux s’évitant,
Les débris à leur fin des races ulcérées,
Ils l’ont crucifié dans le rose occident !

Pâle de plus en plus des fuites de la sève,
Avec, dans le lointain des beaux yeux mi-fermés,
Le solitaire orgueil d’être le dernier rêve,
Il revoit par l’esprit les siècles bien-aimés.

Il penche du fardeau de la proche agonie,
Sous l’or vague et soyeux des cheveux ruisselants,
La mystique beauté de sa face bénie,
Et voici pénétrer la lance dans ses flancs !

Et c’est sur la muette et coupable indolence
Des peuples assoupis à l’ombre de la croix,
Le rouge épuisement des veines par la lance
Et les derniers frissons des membres déjà froids.