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Les Rêveurs


Combien chères en vous, bouquets élus d’enfance,
Frères en rêve pur qui n’oserez mourir,
Ces blessures du cœur, si lentes à guérir !

Suaves patients embellis par l’offense,
D’où rayonne sur vous ce charme des douleurs
Et fleurit en vos yeux l’angoisse en pâles fleurs ?

Ah ! d’où surtout vous vient cette beauté de l’âme,
Et sur votre chair pâle où le mal est inscrit
Quelle haine drapa le blanc manteau du Christ ?

Nous ne savons qui c’est de l’homme ou de la femme
Dont la jeune beauté vous voisine le plus,
Et nous songeons au fruit des couples dissolus.

Mais non, chère langueur si douce et si fluide,
Tu dérives de mieux que du vain ici-bas,
Et ta sérénité ne s’en ouvrira pas.