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Oraison nocturne


En mes oraisons endormies
Sous de languides visions,
J’entends jaillir les passions
Et les luxures ennemies.

Je vois un clair de lune amer
Sous l’ennui nocturne des rêves,
Et sur de vénéneuses grèves
La joie errante de la chair.

J’entends s’élever dans mes moelles
Des désirs aux horizons verts,
Et sous des cieux toujours couverts
Je souffre une soif sans étoiles.

J’entends jaillir dans ma raison
Les mauvaises tendresses noires ;
Je vois des marais illusoires
Sous une éclipse à l’horizon !