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Monte le soir. — La nuit d’orage, solennelle.
Sans étoiles que moi dans ma blancheur rebelle,
Si digne de t’aimer…

En ce moment, les ténèbres sont complètes. Et de toute la perte du jour, mais aussi de sa gloire, elle semble avoir accru son étrange et lunaire beauté. Et debout, les mains derrières Elle, appuyées au Trône, se renversant lentement, comme sous quelque force invisible, sauf de ses yeux secs :

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxJe veux m’asseoir ainsi
Nonchalamment en vous, améthystes : voici
Mes mains. Et soyez moi comme un Trône de fêtes,
Sur vos marches, laissez de mes boucles défaites
Pleuvoir, séraphins d’or, vos rayons onduleux.
Voici qu’en vous se couche une Reine aux yeux bleus,
Nuptiale… et languide,… et si pâle, et si lasse.
Luxurieuse !… et qui de vos ailes s’enlace…

Un éclair. Et comme une tour de fer qui s’écroule à sa lueur, sourde et rauque : — et soudain, fracassante la foudre éclate : Et dans son cœur, une longue flèche de feu, d’un invisible archer, tremble et s’immobilise. Cependant que brûle un instant d’une flamme légère et bleue sa robe d’ange et s’évapore…