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Solyane

(Fragment de poème)


Ô rivage ! Éternel silence ! Ô solitude !
Je suis si triste ! Et mon âme de lassitude
Est pleine. De ce jour qui me consolera ?
Quel ange sur mon cœur en peine pleurera
De ma douleur ? Je suis de vous toute exilée,
Inoubliables sœurs, et de vos deuils voilée ;
Et voici, hors de moi, mon songe qui m’attend.
Oui, mon âme est en deuil, elle est sombre, et pourtant
Ce jour, où j’apparais avec mes fleurs précoces,
Est si blanc qu’il me semble une robe de noces,
Où je marche, toute lumineuse de moi.
Et si je pleure, qu’est-ce encore en mon émoi
Qui sourit, à travers mes yeux clos sur mes peines,
Et me baise les mains comme de jeunes reines ?
Je suis légère et douce et pleine d’éveils bleus ;
Il semble que j’entrouvre au soleil mes cheveux ;
Et lorsque je me pleure en mes nuits envolées,
N’est-ce pas que mes sœurs de moi sont exilées ?
Oh ! je m’éveille d’une âme malade, et vois
Lointainement parmi mon songe.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxOui cette voix !
Cette voix qui parlait, où l’avais-je entendue ?