Et j’imagine alors un vaste palais clair
Où des lacs de soleil dorment au pied des arbres,
Et font à leurs reflets vivre comme une chair
La chasteté des marbres.
Je vois se dérouler de larges horizons
Où, parmi les jardins baignés de vapeurs bleues,
Sur la riche émeraude en flammes des gazons,
Les paons lustrent leurs queues.
Voici les cardinaux avec leurs familiers,
Sous un dais de brocart tendu par des esclaves.
Et leurs rouges manteaux sur les blancs escaliers
Coulent comme des laves.
Là, devant un vitrail aux lueurs d’ostensoir,
Sur le balcon vermeil et dans des ombres roses,
Les princesses en fleur hument le vent du soir
Qui leur parle des roses.
Et l’essaim chatoyant des mimes et des fous
Éclate, s’éparpille et ricoche en cadence,
Et l’on voit au travers des grands feuillages roux
Cet arc-en-ciel qui danse !
Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/137
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.