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Sonnet Mignard


Honte d’amour ! pudeur d’un cœur qui se dévoile !
Je pâlis, je rougis en passant près de toi,
Je n’ose regarder, — mais je sens jusqu’à moi
Descendre de tes yeux comme un baiser d’étoile.

Tu regardes ainsi, sans songer, au hasard ;
Mais, pareil à la mer, qui dans toutes ses lames,
Berce un soleil aussi sous le soleil de flammes,
Mon cœur illuminé s’emplit de ton regard !

Ton corps souple, en sa marche, a des bercements vagues
Comme une balancelle au rythme mou des vagues,
Et dégage un parfum fait d’âme et de benjoin.

Je cherche en chaque femme un trait qui te ressemble,
Et lorsque tout à coup je te vois, il me semble
Avoir senti tantôt que tu venais au loin.