Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


À une Âme


Par ces rhythmes plaintifs tu nés point blasphémée ;
Ne lève pas vers moi ces regards douloureux :
Rien de toi n’a saigné dans ces vers amoureux,
Âme pleine de lys ! Ô toi, la seule aimée !

Lis-les sans te faner, Âme pleine de roses !
Je n’ai jamais douté de ton cœur maternel :
Tu planes au dessus de l’univers charnel,
Et de l’aurore en fleur des belles gorges roses.

Pareil à ces bateaux qui portent sur leurs voiles
L’emblème vespéral de la Reine des mers,
J’ai hissé ton image au sommet de mes vers,
Pour braver la tempête, Âme pleine d’étoiles !

Mes désirs allumés et mes extases vierges,
À travers la vapeur violette des soirs,
Brûlent vers tes autels comme des encensoirs,
Âme pleine de chants, de vitraux et de cierges !