Mais les pommes de terre n’ont pas toujours beſoin de l’appareil de la boulangerie pour acquérir le caractère d’un aliment efficace ; elles ſont, dans leur état naturel, une ſorte de pain tout fait : cuites dans l’eau ou ſous les cendres, & aſſaiſonnées avec quelques grains de ſel, elles peuvent, ſans autre apprêt, nourrir à peu de frais le pauvre pendant l’hiver. Rien de plus vrai, rien de plus conforme à l’expérience & à l’obſervation. Pourquoi donc traveſtir artificiellement, au moyen de manipulations embarraſſantes & diſpendieuſes, une racine farineuſe, que la plus ſimple opération rend ſur le champ alimentaire ?
Voici le langage que je n’ai ceſſé de tenir à ces laboureurs qui nous font vivre, eux qui ont quelquefois tant de peine à ſubſiſter :
« Conſommez toujours les pommes de terre en nature, quand il y a abondance de grains ; aſſociez-les à leur farine dans les années médiocres ; & s’il ne vous reſte abſolument d’autres