que vous me certifiez, je penſe qu’il ne ſera pas non plus difficile d’en préparer une boiſſon comparable à la bière. Je vous avouerai même que ce genre de travail m’a pour le moins autant occupé que celui du pain de pommes de terre ; l’eſpèce de levain que j’étois parvenu à faire d’abord, me donna quelqu’eſpoir de réuſſir.
Je commençai donc à employer les pommes de terre ſéchées & pulvériſées ; je braſſai ſuivant les règles ordinaires, mais au bout d’un certain temps je n’obtins qu’une liqueur gluante & fort trouble ; ce mauvais ſuccès ne me découragea point, je l’attribuai à l’état mat & lourd de ma farine. J’imaginai qu’en faiſant germer nos racines, elles pourraient gonfler, ainſi que les graminées & les légumineux, qu’enfin leurs parties atténuées & diviſées par cette opération, fermenteraient aiſément, mais le ſuccès fut toujours le même ; enfin je les traitai comme les Allemands traitent les grains, à deſſein d’en tirer de l’eau-de-vie : elles ne fournirent rien qui reſſemblât à de l’eſprit inflammable.