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ſur les Végétaux nouriſſans.

pomme de terre, dont la fadeur eſt relevée par la ſapidité de la châtaigne, & c’eſt encore un moyen de ſuppléer au défaut de ce fruit.

Toutes les allégations défavorables à l’innocuité de la pomme de terre, ne prévaudront jamais contre l’expérience & l’obſervation ; elles prouvent que l’aliment farineux, contenu dans cette racine, n’eſt pas plus groſſier que celui des ſemences, & que s’il a occaſionné des peſanteurs & des indigeſtions, ces accidens ne ſont connus que des eſtomacs inſatiables. Je n’ai jamais ouï dire en Allemagne que même leur excès eût nui ; j’ai vu pendant tout l’hiver, le repas du matin en pommes de terre, ſe réitérer le ſoir avec la même ſenſualité, & les habitans des campagnes attendre avec impatience le moment de la récolte pour jouir de ce bienfait, dont la privation ſeroit un véritable fléau pour eux. Il y a pluſieurs milliers d’hommes qui ne vivent preſque que de pommes de terre dans les provinces les plus peuplées de l’Allemagne ; j’y ai vu beaucoup de nos troupes paſſer bruſquement de l’uſage du pain ou de la châtaigne à celui de pommes de terre en nature, ſans en être