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Recherches

délicats ou dans la vue de flatter le palais ; ils ſervent encore de correctif ; ils contribuent à rendre la nourriture plus ſavoureuſe, plus ſoluble & plus appropriée à notre conſtitution : ils raniment les fibres de l’eſtomac & des autres organes deſtinés à la digeſtion ; enfin, l’aliment, & ſur-tout celui qui eſt farineux, ſeroit lourd & indigeſte ſi on ne l’associoit avec une matière ſapide, ſi on ne développoit celle qu’il contient par le moyen connu pour en faire du pain, ou dans certains cas par la cuiſſon & la torréfaction.

Nous voyons, en effet, que les Indiens, pour relever la fadeur naturelle du riz, dont ils font leur principale nourriture, ont grand ſoin de l’aſſaiſonner avec du gingembre. Au Pérou, ne mêle-t-on pas le piment avec le maïs? Ces pâtes, ces bouillies, ces paſtilles, dont les Grecs & les Romains étoient amateurs paſſionnés, contenoient toutes ſortes d’aſſaiſonnement. C’eſt donc un principe certain que les alimens & même les boiſſons ne produiſent leurs véritables effets, qu’autant qu’ils ſont ſapides. Une eau fade eſt peſante à l’eſtomac, le pain azyme ſe digère difficilement,