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Recherches

carnage, on s’aperçoit ſacilement qu’il s’en faut bien que la viande ſoit l’aliment naturel de l’homme, & que ſi le Créateur l’eût deſtiné à ſe nourrir de chair, lui auroit donné des dents pointue & iſolées pour la déchirer, un goût invincible pour le ſang, & des armes offenſives comme aux carnivores ; mais il ſemble qu’il lui ait refuſé tous ces moyens en lui accordant des dents molaires pour broyer, des inciſives pour couper, des canines pour caſſer les fruits & noyaux, enfin un penchant décidé pour les ſemences, les fruits & les racines.

Quand nous ferions conformés d’une manière marquée par la Nature, à dévorer la chair & à brouter les Plantes ; quand la diſpoſition de nos dents, la structure de l’eſtomac & des inteſtins pourroient devenir un jour une preuve en faveur de ceux qui prétendent que l’homme eſt né carnivore, granivore ou frugivore ; je penſe qu’il fera toujours bien difficile & même impoſſible de déterminer avec quelque préciſion les juſtes limites marquées à cet égard, ſi l’on ſe rappelle ſur-tout la remarque générale du changement de goût que la domeſticité opère dans les animaux.