Quant aux écorces d’arbres, dont on veut encore que certains Peuples faſſent toujours leur nourriture fondamentale, je me ſuis déjà expliqué à l’égard de leur véritable effet dans le pain où on les mêle ; la ſubſtance corticale eſt trop dure, trop ligneuſe pour ſe laiſſer pénétrer par l’eau : quelque diviſée qu’on la ſuppoſe, il ne peut jamais réſulter une pâte tenace, flexible & homogène ; l’eau qu’on y ajoute ne ſe trouve que juxt-appoſée ; elle ne forme aucune liaiſon entre les parties, & dès qu’elle s’évapore, le réſidu demeure ſans continuité. Or s’il eſt vrai que les Lappons faſſent du pain d’écorce de pin ſauvage & de tilleul, c’eſt ſans doute à l’aide de quelque farineux, & il eſt vraiſemblable que la quantité qu’ils en mêlent, eſt relative à leurs reſſources alimentaires, peut-être même n’y ont-ils recours que dans une circonſtance de détreſſe, comme il eſt arrivé en 1709 à quelques habitans de l’Auvergne, de faire entrer dans leur pain la racine de fougère deſſéchée & pulvériſée : s’enfuit-il que les habitans de cette province ne ſe nourriſſent conſtamment que de pain de fougère, & que ceite raçine ſoit très-propre à la panification ?