du ſoir, il avoit contracté par goût l’uſage de ce ſouper juſqu’à en manger ſix ou ſept des plus grosses. II eſt bon de remarquer qu’il mangeoit du pain en proportion ; jamais il n’en a été incommodé : la circonſtance qui lui a ſait abandonner ce manger, c’eſt que forcé de ſe lever matin, il a cru obſerver qu’il dormoit d’un ſommeil plus profond, & qu’il avoit de la peine à s’éveiller ; mais il penſe que ce qu’il a éprouvé, provenoit décidément de l’eſpèce d’excès qu’il faiſoit à cet égard, comme il en ſeroit pour lui d’un ſouper qui auroit paſſé les bornes de la frugalité. Lorſqu’il mange des pommes de terre, il n’éprouve rien de différent dans ſon état ordinaire.
Je rapporte cette dernière obſervation avec d’autant plus de plaiſir, que le ſavant qui en ſait le ſujet peut être cité comme une autorité en Médecine : ſi l’excès de cet aliment porte au ſommeil, quel eſt l’excès qui n’a point d’effets plus pernicieux ! En ſuppoſant que cette vertu ſommifère ſoit inhérente à la pomme de terre, elle deviendra absolument nulle par l’uſage continu, ainſi qu’il arrive à tous les alimens auxquels on a attribué, ſans