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que l’on pourroit changer en une ſource inépuiſable de richeſſes toujours renaiſſantes, une étendue immenſe de pays en friche & perdus pour nous ; que le ſol qui paſſe pour être le plus aride, produirait preſqu’autant de revenu que les bons fonds, pourvu qu’on ne lui demandât que les objets de culture dont il eſt ſuſceptible, tel que la pomme de terre, qui vient par-tout ; qu’en un mot, on ne ſauroit trop multiplier les reſſources alimentaires, puiſque quand c’eſt le malheur qui nous avertit de pourvoir aux beſoins du malheur, il nous fait porter presque toujours la main sur les ſubſistances les plus pernicieuſes à l’économie animale.

Quand d’un côté on voit que les grains, avant d’être au pouvoir de l’homme, ſont expoſés â une multitude d’événemens très-fâcheux ; que des maladies formidables les frappent dès en naiſſant, qu’une pouſſiere contagieuſe les défigure & les réduit à l’impuiſſance de la nutrition & de la reproduction, qu’une ſurabondance de ſuc nourricier briſe le tiſſu des feuilles & les rouille, qu’un coup de vent interrompt le cours de la ſeve, qu’un orage empêche la fécondation ; qu’enfin, l’humidité continuelle les fait germer ſur pied ; & que de l’autre, on ſuit du même œil la plantation, la fleuraiſon & la maturité des pom-