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mais eſt-ce bien là du pain ? non aſſurément, c’eſt une maſſe lourde, ſerrée, viſqueuse, indigeſte, & s’il n’y a pas de comparaiſon à faire entre du pain mal fabriqué & celui préparé convenablement, quoique provenant du même grain, la diſtance est encore infiniment plus grande entre la galette & du pain levé ; s’est-on jamais aviſé de confondre le vin avec le moût ou le ſuc du raisin ? Jetons maintenant un coup-d’œil rapide sur les diverſes préparations de la pomme de terre, que l’on a déſignées sous le nom de pain.

Les uns ont exprimé le ſuc de la pomme de terre, & ont expoſé le marc à une douce chaleur, d’où il est réſulté de petites galettes plates, inſipides, semblables à la caſſave des Américains ; les autres ont fait cuire cette racine entiere dans l’eau ou ſous la cendre, & après l’avoir réduite en pâte & portée ainſi au four, ils ont obtenu, par la cuiſſon, une enveloppe tenace, renfermant intérieurement une ſubſtance graſſe & molle comme des pommes cuites & écraſées. Ceux-ci ayant fait ſécher la pomme de terre coupée par tranches, qu’ils ont réduites en poudre, puis en pâte avec de l’eau ; n’ont eu, après la cuiſſon, qu’une maſſe noire & ſans continuité ; ceux-là ont eu une maſſe moins noire, en réuniſſant enſemble ; parties égales de pommes de