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DE L’AFRIQUE.

une violente querelle entre l’ancien forgeron du docteur Laidley et un autre de mes compagnons de voyage. Les deux adversaires se dirent des choses très-insultantes ; et il est bon de remarquer qu’un africain pardonne plus facilement les coups qu’on lui donne, qu’une injure qui porte sur ceux dont il tient la vie. « — Frappez-moi, « mais ne maudissez point ma mère » — est une phrase très-usitée parmi les esclaves. Cependant le forgeron se permit beaucoup d’imprécations contre son antagoniste. Celui-ci en fut tellement irrité, qu’il tira son coutelas, et que la dispute se seroit terminée d’une manière très-sérieuse, si les autres voyageurs ne s’étoient pas jetés au-devant de lui, et ne lui avoient pas arraché son arme.

Je fus obligé d’interposer mon autorité ; et je mis fin à la dispute, en ordonnant au forgeron de se taire, et en disant à l’autre nègre qui, je crois, avoit tort, que s’il tiroit encore son coutelas, ou qu’il cherchât à insulter aucune des personnes qui étoient avec moi, je le regarderois comme un voleur, et lui tirerois un coup de fusil sans la moindre cérémonie. Cette menace eut