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DE L’AFRIQUE.

crainte faisoit croire à mes compagnons de voyage que c’étoit par ces derniers ; et s’imaginant que des voleurs nous guettoient, ils m’engagèrent à renoncer au dessein de passer la nuit auprès de l’arbre, et à me mettre en marche pour un autre endroit où il y avoit de l’eau, etoù nous pouvions, disoient-ils, arriver le soir de bonne heure.

Nous quittâmes donc le lieu de notre première station, et nous poursuivîmes notre route : mais il étoit huit heures du soir avant que nous fussions rendus dans l’endroit où étoit la seconde marre. Fatigués de notre longue marche, nous allumâmes un grand feu, et nous nous couchâmes sur la terre nue, ayant nos animaux auprès de nous. Nous étions à plus d’une portée de fusil de toute espèce d’arbuste ; malgré cela, les nègres convinrent de veiller chacun à son tour de peur de surprise.

Certes j’étois loin de penser que nous fussions menacés d’aucun danger pressant : mais, durant tout le voyage, les nègres parurent craindre sans cesse d’être attaqués par les brigands. Dès que le jour parut, nous remplîmes d’eau nos outres[1] et nos

  1. En langue mandingue, les outres se nomment soufros.