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DE L’AFRIQUE.

persuadé du pouvoir des amulettes. La cause en est, que tous ceux de cette partie de l’Afrique considèrent l’art d’écrire comme une espèce de magie. Ce n’est donc point dans les sentences du prophète, mais dans lé talent du magicien, qu’ils placent leur confiance. On verra, par la suite, que dans des circonstances très-fâcheuses, je fus assez heureux pour pouvoir me servir avec avantage, de cette sorte de préjugé.

Le 7 décembre, nous partîmes de Konjour, et nous allâmes coucher dans le village de Malla ou Mallaing. Le 8, à midi, nous atteignîmes Kolor, ville considérable. En y entrant, je remarquai qu’on avoit appendu à un arbre, une espèce d’habit de masque fait d’écorce d’arbre, et qu’on me dit appartenir au mombo-jombo. Cet étrange épouvantail se trouve dans toutes les villes mandingues, et les nègres payens ou kafirs s’en servent pour tenir leurs femmes dans la sujétion. Comme la polygamie leur est permise, ils épousent ordinairement autant de femmes qu’ils peuvent en entretenir. Souvent ces femmes sont jalouses les unes des autres ; les discordes, les querelles se multiplient, et l’autorité du mari ne lui suffit pas pour