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VOYAGE DANS L’INTÉRIEUR

et ceux-ci ont la stupidité de croire que ces morceaux de papier possèdent une vertu extraordinaire. Il y a des nègres qui les portent pour se préserver de la morsure des serpens ou des crocodiles, et alors le saphi est ordinairement enveloppé dans un morceau de peau de serpent ou de crocodile ; et attaché au bas de la jambe. D’autres s’en servent en tems de guerre, dans l’idée que cela peut les mettre à l’abri de l’atteinte des armes de leurs ennemis. Mais ce qui fait sur-tout employer les saphis, c’est qu’on croit qu’ils préviennent et guérissent les maladies ; qu’ils empêchent qu’on n’éprouve la faim et la soif, et que dans toutes les circonstances, ils attirent sur celui qui les porte, la bienveillance des puissances célestes[1].

Il est impossible de ne pas admirer en cela combien la superstition est contagieuse. Quoique la plupart des nègres soient payens et rejettent absolument la doctrine de Mahomet, je n’en ai pas vu un seul, soit buschréen, soit kafir, qui ne fût pleinement

  1. Je crois que dans toutes les parties de l’Afrique on porte de sémblables charmes ou amulettés, sous les noms de dominis, de grigris, de fetiches.