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DE L’AFRIQUE.

en route avec tous mes compagnons. Après trois heures de marche, nous arrivâmes à Konjour, petit village où nous nous déterminâmes à passer la nuit. J’achetai-là un très-beau mouton pour quelques grains de verroterie. Les serawoullis de ma suite le tuèrent avec toutes les cérémonies prescrites par leur religion, et nous en fîmes cuire une partie pour notre souper. Une dispute s’éleva alors entre un des serawoullis et mon interprête Johnson. Le premier prétendoit que, comme il nous avoit servi de boucher, les cornes du mouton lui appartenoient. L’autre soutenoit le contraire. Je terminai le différend en leur donnant une corne à chacun.

Je fais mention de ce léger incident, parce qu’il me donne occasion de faire connoître un des usages de ces contrées. Les cornes qui faisoient l’objet de la dispute, étoient du nombre de celles qu’on estime beaucoup, attendu qu’on en fait aisément des espèces d’étuis, dans lesquels on renferme des charmes ou amulettes, que les nègres appellent saphis, et qu’ils portent constamment sur eux. Ces saphis sont des versets du koran, que les prêtres mahométans écrivent sur de petits morceaux de papier, et vendent aux nègres ;