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DE L’AFRIQUE.

habitée par des peuples incivilisés, et pour la plupart desquels un homme blanc étoit un objet de curiosité ou de pillage. Je pensois que je venois de me séparer des derniers européens que je verrois dans ces contrées, et que peut-être, en les quittant, j’avois perdu pour jamais la société des chrétiens.

Ces réflexions attristoient mon ame, et absorboient ma pensée. J’avois fait environ trois milles, lorsque je fus tout-à-coup tiré de ma rêverie, par une troupe de nègres qui accoururent au-devant de moi, arrêtèrent ma petite caravane, et me dirent que je devois les suivre à Peckaba pour me présenter au roi de Walli, ou bien leur payer les droits qui lui étoient dus quand on traversoit son pays. Je tâchai de leur faire entendre que l’objet de mon voyage n’étant pas le trafic, je ne devois point être sujet à la taxe des slatées et des autres marchands qui n’ont pour but que le gain.

Tous mes raisonnemens furent inutiles. Les nègres me répondirent que les voyageurs de toute espèce devoient un présent au roi de Walli, et que si je refusois de me soumettre à cet usage, on ne me permettroit pas d’aller plus loin. Comme ils étoient en plus grand