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DE L’AFRIQUE.

La nécessité d’avoir souvent recours à des lois écrites, que les nègres qui professent encore le paganisme ne connoissent pas, fait qu’il y a dans leurs palavers ce que je ne m’attendois guère à trouver en Afrique, c’est-à-dire des gens qui exercent la profession d’avocat ou d’interprète des lois ; et il leur est permis de comparoître et de plaider, soit pour l’accusateur, soit pour l’accusé, de la même manière que dans les tribunaux de la Grande-Bretagne. Ces avocats nègres sont mahométans ; ils ont fait, ou du moins ils affectent d’avoir fait une étude particulière des lois du prophète ; et si j’en peux juger par leurs plaidoyers que j’allois souvent entendre, ils égalent dans l’art de la chicane et des cavillations, les plus habiles plaideurs d’Europe.

Tandis que j’étois à Pisania, il y eut un procès qui fournit aux jurisconsultes mahométans, l’occasion de déployer tout leur savoir et leur dextérité. Voici de quoi il s’agissoit. Un âne appartenant à un nègre serawoulli, habitant d’un des cantons qui avoisinent le Sénégal, étoit entré dans le champ de bled d’un mandingue, et y avoit