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DE L’AFRIQUE.

que les mahométans les appellent kafirs, c’est-à-dire infidèles.

Il me reste peu à ajouter à ce que j’ai dit des feloups dans le chapitre précédent. Ils sont d’un caractère triste, et on dit qu’ils ne pardonnent jamais une injure. On prétend même qu’ils lèguent leur haine à leurs enfans, comme un héritage sacré ; de sorte qu’un fils croit qu’il est de son devoir de venger l’offense qu’a reçue son père. Ils boivent beaucoup d’hydromel dans leurs fêtes, et leur ivresse est presque toujours accompagnée de querelles. Or, si dans quelqu’une de ces querelles un homme perd la vie, l’aîné de ses fils prend ses sandales, et les porte chaque année le jour de l’anniversaire de sa mort, jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’occasion de le venger. Rarement le meurtrier échappe à ce long ressentiment.

Mais ce penchant féroce et indomptable est contre-balancé par plusieurs bonnes qualités. Les feloups sont très—reconnoissans, ils conservent la plus grande affection pour leurs bienfaiteurs, et ils rendent tout ce qu’on leur confie avec une fidélité admirable. Pendant la guerre actuelle, ils ont plusieurs fois pris les armes, pour défendre