Page:Paris revolutionnaire (IA parisrevolutionn00leno).pdf/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

LA ROBE, LES CHEVEUX ET LE CRÂNE DE CHARLOTTE CORDAY

Au Salon de 1880, quatre artistes avaient exposé un portrait de Charlotte Corday. M. Aviat la représentait vêtue d’une robe blanche ; M. Werts avait imaginé une toilette rayée bleu clair et bleu foncé ; M. Clère l’habillait d’une jupe vieux rose ornée de petites fleurs d’un rose plus vif ; le quatrième, dont j’ai oublié le nom, nous la montrait couverte de la chemise rouge des parricides.

Est-il donc impossible de savoir quel costume portait Charlotte, le 13 juillet 1793 ? Ce détail, qui paraîtra certainement insignifiant à bien des gens, a donné lieu jusqu’ici à tant d’avis différents, qu’il est temps de résumer la question et d’en fixer la solution.

Tous les peintres contemporains de la Révolution, Hauer, Garneray père, Hocquet, Monnet, Brion, Denay, Dumoulin, ont adopté la robe blanche. Tous les graveurs, au contraire, ont gratifié l’héroïne d’une robe rayée. Affaire de métier, de procédé, d’effet ; on se figure difficilement tout ce que les dessinateurs sacrifient de vérité historique aux nécessités de leur art ; il faut même se féliciter de ce qu’aucun d’eux ne se soit inspiré d’une tragédie de l’époque où l’auteur, manifestement hanté du souvenir de Judith, montre Charlotte parée de tous ses atours et accompagnée de sa suivante, pénétrant dans la tente de Marat pour lui révéler des secrets qui le rendront maître de la ville, et, pour mieux affirmer la sincé-