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IV

LES CARMES[1]

Ceci n’est qu’un post-scriptum, un épilogue obligé au récit des massacres de l’Abbaye ; car nous n’aurons

  1. À la fin du xvie siècle, les Carmes réformés par sainte Thérèse, et qui portaient en Espagne le nom de Carmes Déchaussés, s’introduisirent en France, au moment de la mort d’Henri IV, et la régente les installa « au faubourg Saint-Germain des Prez », dans un monastère qui fut bénit, le 22 mai 1611, jour de la Pentecôte, par le nonce Ubaldini, neveu du pape Léon XI et parent de la régente Marie de Médicis. Dans la maison qui devenait le monastère de Saint-Joseph, les Huguenots, écrit Claude Malingre, « avaient tenu leur presche, et les mondains faisaient leurs plus nolables récréations ». Comme les individus, et plus qu’eux encore, car elles deincurent plus longtemps, les choses ont parfois d’étranges vicissitudes. Trois ans après leur installation, les Carnes commençaient la construction de l’église et du monastère actuels. La chapelle fut terminée en 1620, et, trois ans après, dédiée solennellement sous l’invocation de saint Joseph, par Eléonor d’Estampes de Valençay, évêque de Chartres.
    La communauté prit une telle extension que, peu d’années après son installation, elle acquérait de vastes terrains qui formèrent un enclos borné à l’est par la rue Cassette, à l’ouest par la rue du Regard, au nord par la rue du « Chasse-Midi », et au sud par le chemin de Vaugirard. Les Carmes firent construire sur la rue Cassette et sur la rue du Regard des hôtels qu’ils louèrent à des particuliers.
    Ces ressources, considérables pour l’époque et augmentées par la vente de l’Elixir des Carmes, étaient employées à payer les frais de construction du monastère et de la chapelle, et à servir de nombreuses pensions viagères. Le reste était la fortune des pauvres.
    Les Carmes furent toujours populaires à Paris, à tel point que non seulement ils ne furent point inquiétés lors de la Révolution, mais encore, pendant cette horrible journée où l’on massacrait les