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PARIS RÉVOLUTIONNAIRE

Méard — c’est le nom de ce chroniqueur — est si répandue qu’il est inutile de la rééditer ici, quelque intérêt qu’elle puisse avoir. Qui a pu oublier, l’ayant lue, et les angoisses des prisonniers dont le sort se discute dans la rue, et le massacre des soldats suisses, et la scène émouvante, où, ayant perdu tout espoir de voir échapper un seul des détenus, l’abbé Lenfant et l’abbé Chapt de Rastignac annoncèrent, du haut de la tribune, à leurs compagnons de captivité, parqués dans la chapelle de la prison, que l’heure suprême approchait, et leur donnèrent solennellement l’absolution in articulo mortis.

Tous ceux que ces événements intéressent ont lu et relu ce dramatique récit, d’une fidélité absolue, d’une sincérité très grande, d’une exactitude indiscutable.

Cependant il est un passage de ce récit dont nous devons faire notre profit, car il nous aidera à reconstituer les dispositions intérieures de la prison, dont il n’existe point de description spéciale, et dont nous n’avons, nulle part, retrouvé le plan[1].

Maillard avait installé son tribunal au greffe même, ouvrant par une porte basse sur la rue Sainte-Marguerite. Après des alternatives inouïes d’espérance et de désespoir, c’est là que Jourgniac de Saint-Méard fut traîné, le 3 septembre, vers deux heures du matin.


    in-pace un bien grand nombre de victimes, car, dès le commencement du xviiie siècle, la geôle abbatiale était devenne prison militaire, et cette prison était, avant la Révolution, particulièrement destinée aux gardes françaises. On y renfermait aussi les débiteurs nobles et militaires qui n’avaient point satisfait au paiement de leurs dettes d’honneur. Le guide de Thierry (1787) nous apprend encore qu’il y avait dans la prison une chapelle desservie par un prêtre de Saint-Sulpice. On y disait la messe tous les jours, et, les fêtes et dimanches, on y faisait l’office de paroisse « avec eau bénite et prône ». Les prisonniers y assistaient dans des tribunes, et le public avait le libre accés de la chapelle à l’heure des offices. Le loyer des chaises était au profit des prisonniers.

  1. Le seul plan qui existe de la prison se trouve dans l’architectonie des prisons de Baltard, et concerne surtout les améliorations apportées, après la Révolution, aux dispositions du bâtiment.