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PARIS RÉVOLUTIONNAIRE

incident vient de se produire à la séance. On s’interroge, on s’apprend les nouvelles, on se masse en double haie devant la porte à draperie verte de la salle d’Assemblée. Et tout à coup on voit paraître, rouge, essoufflé, encore tout ému de la lutte, quelque député qu’on vient de mettre hors la loi et que les gardes entraînent… La plus grande partie des soixante-treize furent arrêtés ainsi, le 3 octobre, dans l’enceinte même de la Convention. On les conduisit, à travers deux rangs de curieux qui vociféraient sans savoir pourquoi, jusqu’au corps de garde situé au rez-de-chaussée sur la cour. Toute la foule suivit, hurlante, et quand la porte se fut refermée sur les prisonniers, la populace se précipita aux fenêtres pour examiner, comme on regarde des bêtes féroces prises au piège, ces hommes qu’elle aurait acclamés si on lui en eût donné le mot d’ordre. Il était déjà tard ; on apporta aux détenus de la nourriture, et les curieux, rivés à leur poste d’observation, s’étonnaient de voir ces hommes prendre leur repas, comme si le décret qui venait de les frapper les avait mis hors l’espèce humaine. — « Oh ! vois donc, se disaient-ils entre eux, avec une surprise stupide, ils mangent ! »