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Pour la première partie du voyage souterrain, il semble qu’on ait un témoignage assez digne de confiance. Peu avant l’arrivée de La Sale, cinq jeunes gens de Montemonaco, « par bonne compagnie, devisant des aventures de cette cave », s’engagèrent dans le couloir, munis de provisions, de lanternes et de cordes ; Antoine vit deux d’entre eux, qui lui rapportèrent que l’étroit couloir s’élargissait après « environ un bon trait d’arbalète », et qu’on y pouvait marcher debout et même deux ou trois de front. Après avoir descendu ainsi environ trois milles, ils trouvèrent « une veine de terre traversant la cave dont issait un vent si horrible et merveilleux qu’il n’y eut celui qui osât aller plus avant », et qu’ils revinrent sur leurs pas, renonçant à l’expédition qu’ils avaient entreprise « comme jeunesse fait souventes fois entreprendre les gens oiseux ».

Mais il y avait à Montemonaco un prêtre, « nommé Don Anton Fumato, c’est-à-dire Messire Antoine Fumé », qui assurait avoir poussé plus loin. Il disait que cette terrible « veine de vent » ne dure que quinze toises et n’est redoutable qu’en apparence. Après l’avoir franchie, on se trouve bientôt devant un pont très long, qui semble n’avoir pas un pied de large, et sous lequel, à une très grande profondeur, un torrent fait un