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LE PARADIS
DE LA REINE SIBYLLE

C’est une figure singulière, intéressante et, par plus d’un côté, assez énigmatique que celle d’Antoine de la Sale, l’auteur aujourd’hui reconnu, non seulement de Jehan de Saintré, mais des Quinze joies de mariage et des Cent nouvelles nouvelles. Les contrastes abondent dans sa vie et dans son œuvre. Ce Provençal, un des premiers méridionaux qui se soient introduits dans la littérature française, a manié notre langue avec plus d’aisance que la plupart de ses contemporains : on jurerait que ses ouvrages appartiennent à la pure veine « gauloise » ; on y trouve même cet esprit « parisien », mélange d’observation acérée, d’ironie indulgente et d’expérience sceptique, qu’on voit se manifester à travers les siècles dans une série ininterrompue d’œuvres légères de forme, amères de fond. Cet homme grave, qui fut commandant militaire de Capoue, viguier d’Arles et premier maître d’hôtel de Philippe