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les jongleurs quand leurs auditeurs étaient rassasiés de chansons héroïques, de romans aventureux ou de joyeux fableaux. Il s’agit de la Chronique de Reims, ou, comme l’appelle son dernier et savant éditeur, des Récits d’un ménestrel de Reims au XIIIe siècle. L’auteur a écrit et sans doute d’abord parlé son livre à Reims en 1260, comme l’a parfaitement établi M. Natalis de Wailly. C’est en cette même année que, d’après lui, le conte de l’oiseau servit à consoler dans sa tristesse le bon roi Louis IX. Le roi venait de perdre, à seize ans, son fils aîné, Louis, qui devait lui succéder ; il était plongé dans son deuil, et « on ne pouvait en tirer un mot. »

Atant es vous l’arcevesque Rigaut de Rouen qui le vint veoir et conforter, et mout lui disoit de bons mos de l’escriture et de la patience saint Job, et li conta un essemple d’une masenge [1] qui fu prise en une masengiere ou jardin d’un païsant, Quant li païsans la tint, si li dist qu’il la mangeroit, et la masenge respondi au païsant : « Se tu, » dist elle, « me manjues, tu ne seras gaires saoulés, car je sui une petite chosete ; mais si tu me vouloies laissier aler, je t’apenroie trois sens [2] qui t’avroient grant

  1. Ce nom donné à l’oiseau pourrait être une réminiscence du v. 374 du lai.
  2. Le lai est seul à donner uniquement le nom de « sens » aux trois préceptes de l’oiseau ; la seconde version de la Disciplina emploie aussi ce mot, mais pas dès l’abord.