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L’oiseau simplement malicieux du conte indien devient ici un être surnaturel, sorte de génie ailé, dont le chant, pendant qu’il célèbre à la fois l’amour divin et l’amour terrestre, répand sur le verger qui l’entoure, sur les eaux, sur les pelouses, sur les arbres, sur les fleurs, un doux enchantement qui les fait avec une joie toujours nouvelle couler, verdoyer, croître et embaumer. Depuis qu’un vilain est devenu le maître de ce séjour de délices, l’oiseau sait bien qu’il ne pourra y rester longtemps avec lui, il annonce dans son dernier chant le déclin et la ruine de ce qui l’entoure, et, quand le vilain a réalisé par sa conduite tout ce que son nom annonce de bassesse et de sottise, il s’envole et l’enchantement s’évanouit avec lui. Le poète a créé ainsi une sorte de magie nouvelle et charmante, tout imprégnée de l’esprit de son temps, et en faveur de laquelle on lui pardonnera d’avoir affaibli, en la reléguant presque au second plan, l’ingénieuse sagesse du vieux conte.

Il n’oublie pas cependant ce qui faisait le vrai sujet de ce conte, les trois sens de l’oiselet, et il sait au contraire augmenter l’agrément et l’humour de l’invention par un trait qui lui appartient en propre. Dans les récits orientaux l’homme qui a pris l’oiseau est convaincu, après avoir entendu les trois préceptes, de leur profondeur et de leur utilité ; il est vrai qu’il perd aussitôt l’occasion de les app