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Quant le vilain out mout laidi
Li oiselès et escharni,
Chantant s’en tome, sil laissa,
Aine puis el vergier n’abita.


dont le dernier, auquel rien ne correspond dans le latin, peut fort bien avoir suggéré à l’auteur du lai, non seulement son dénouement, mais toute la conception du rôle si original et si merveilleux qu’il a donné à l’oiseau.

Il paraît donc probable que l’auteur du lai a connu la seconde de nos versions poétiques de Pierre Alphonse, mais qu’à côté d’elle, il a consulté, soit le texte latin, soit une autre version plus fidèle. Je pencherais pour la seconde hypothèse. Rien n’indique, en effet, que cet auteur ait été un clerc : parmi ceux qui représentent pour lui les types de la culture élégante, et qui sont les vrais servants d’Amour, et les seuls auditeurs dignes de l’oiseau, il ne mentionne les clercs qu’en passant, à côté des chevaliers ; dans les poèmes du même goût composés par des clercs, ceux-ci au contraire, sont toujours mis au premier rang. La singulière et charmante doctrine dans laquelle l’oiseau unit si intimement le dieu d’Amour et l’amour de Dieu, convient aussi, à ce qu’il me semble, bien qu’elle ait une forme de sermon, à un prédicateur laïque plus qu’ecclésiastique.