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Cette fable se trouve dans l’Anvâr i Suhailï, rédaction persane du Kalilah et Dimnah, célèbre roman d’origine sanscrite, traduit en pehlvi, de là en syriaque, en arabe, et dans un très grand nombre de langues de l’Asie et de l’Europe : elle n’était pas dans l’original arabe, ni dans la rédaction persane plus ancienne où a puisé l’auteur de l’Anvâr iSuhaili, ni même peut-être dans le texte primitif de ce livre [1]. Ce n’est pas là assurément, une présomption en faveur de son antiquité. On a fait remarquer, il est vrai, que l’idée fataliste qui y est exprimée se retrouve, également rapportée à des oiseaux, dans un conte dont l’origine indienne est certaine et dans le texte sanscrit de l’original du Kalilah et Dimnah [2], mais je ne pense pas que cela prouve que notre conte, dont la plus ancienne rédaction (celle du Barlaam grec) remonte si haut, soit une altération de celui qu’on vient de lire, qui n’apparaît qu’à une époque fort récente [3]. Il

  1. Voy. Benfey, Pantschatantra, t.1, p. 291. Je ne puis, naturellement, entrer dans le détail de toute cette recherche.
  2. Benfey, Pantschatantra, t. I, p. 380.
  3. Dans le récit d’Ibn Ghisdai (d’après l’indication de M. Israël Lévi) se trouve un passage qui rappelle le conte de l’Anvtir i Suhaili. L’oiseau vantant les trois secrets qu’il sait, l’homme lui dit : « S’ils sont, si précieux, comment ne t’ont-ils pas empêché d’être pris i — C’est, » répond l’oiseau « qu’il était décidé que j’aurais ce sort ; et ils me sont encore fort précieux, puisqu’en te promettant de te les dévoiler, j’espère que tu me laisseras aller et qu’ainsi ils m’auront sauvé. » — La coïncidence, on le voit, peut fort bien être fortuite.