Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

m’as trompé. — Il est des mensonges qui sont louables, » répliqua le moineau ; « Dieu donne de grandes récompenses pour le mensonge qui préserve de la mort et du danger, ou qui sauve les autres hommes. » Le renard se cacha alors tout auprès et se mit à grimper pour saisir le moineau ; mais celui-ci lui lança de sa fiente aux yeux, en lui disant : « O insensé ! écoute cet autre conseil que jeté donne : Ne tente pas d’arriver tu ne peux parvenir ; et [1] dans les démêlés entre mari et femme, ou entre les frères, ne dis aucune parole indiscrète, pour ne pas en rougir ensuite [2]. »

Il y a bien des cas dans lesquels on peut prouver qu’un récit dont les personnages primitifs étaient exclusivement des animaux les a plus tard remplacés en tout ou en partie par des hommes ; mais la conformité des autres versions et l’état visiblement altéré de celle-ci nous font écarter, sans hésiter, une semblable hypothèse pour le cas qui nous occupe ; le contraste de la malice et de la sagesse de l’oiseau avec la crédule sottise de celui qui l’a pris est d’ailleurs plus piquant, s’il se produit entre un animal et un homme. Mais le conte arménien a conservé des

  1. Cette addition inepte est visiblement postiche et contribue à montrer combien la version arménienne est altérée.
  2. Choix de Fables de Vartan, en arménien et en français (par Saint-Martin) (Paris, 1825, in-8°), n° XIII, p. 27.