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L’oiseau dit : « Ton cœur est semblable à un vase poli ; mes discours n’y laisseraient aucune trace ; pourquoi les faire entendre ? On dit en proverbe : Pleurer devant un aveugle, c’est abîmer inutilement ses yeux. O ignorant ! je t’avais déjà dit qu’il ne fallait pas s’affliger d’une chose qu’on perd. Tu l’oubliais déjà, sans songer d’ailleurs que je ne puis avoir le rubis dont je parle [1]. Et quant à mon troisième avis, le voici, et si tu l’avais su par avance, tu ne te livrerais pas au chagrin : Ne crois pas tout ce qu’on te dit [2]. » Il dit ces mots et s’envola, tandis que le faquir, désolé, prit la route de son logis [3].

Un conte arabe, qui se présente en dehors du Barlaam, doit encore être mentionné ici. Il offre un début étranger à notre histoire, mais qui provient également d’une fable indienne. Il continue ainsi (je ne le donne qu’en résumé) :

Un oiseleur ayant pris un passereau, celui-ci lui dit : « Tu vois que je ne suis pas gras et que je ne puis satisfaire ton appétit. Mais si tu veux me lâcher, je te dirai trois maximes qui te seront fort

  1. Cela n’est pas compréhensible ; évidemment l’oiseau, comme dans les autres versions, devait parler d’une pierre plus grosse que lui, c’est-à-dire d’une chose incroyable.
  2. Toute cette dernière phrase manque dans la traduction de Garcin de Tassy, mais il est clair que, sous une forme plus ou moins différente de celle que je lui donne par conjecture, elle devait figurer dans l’original.
  3. Allégories, récits poétiques et chants populaires traduits de l’arabe, du persan, de l’hindoustani et du turc, par M. Garcin de Tassy (Paris, Leroux, 1876), p. 351.