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soit, c’est cette version qui circula surtout dans la littérature arabe, comme le montrent d’abord une imitation persane où nous retrouvons les traits qui la distinguent de celle du Barlaam grec [1], et, encore plus clairement, la version latine de Pierre Alphonse, dont nous devons nous occuper un peu plus longuement, parce qu’elle est la source du poème français qui est l’objet principal de cette étude.

En 1106, un rabbin juif nommé Moïse, né à Huesca, en Aragon, s’y faisait baptiser le jour de la fête de saint Pierre et prenait le nom de ce saint, auquel il joignait comme patronymique celui de son parrain, le roi Alphonse Ier d’Aragon. Pierre Alphonse était très versé dans la littérature arabe, qui elle-même, généralement à travers le pehlvi d’abord (langue perse du temps des Sassanides),

  1. Voy. Amusinq Stories, translated from the Persian by Edward Rehatsek (Bombay, 1871), n° XXVIII, p. 154. Ces histoires sont tirées du Chamsah va-Quhquhah de Mirza Berkhordàr Turkman, qui a revêtu ses récits de toutes les formes bizarres et recherchées du style persan le plus fleuri. Le fond est d’ailleurs tout semblable à celui du livre hébreu, sauf que l’oiseau est appelé « étourneau, » et que l’œuf d’autruche est devenu un œuf de cane. Un des préceptes, le premier, s’est d’ailleurs perdu. Il a été remplacé par celui-ci, qui est ici fort déplacé : « Ne donne pas ta confiance à des personnes d’un caractère méprisable. »