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d’Iria, le tombeau de saint Jacques le Majeur[1]. Cette « invention » fut aussitôt exploitée pour fondera Compostelle un sanctuaire qui devint très rapidement le centre d’un pèlerinage : pendant près de mille ans, d’innombrables dévots accoururent, de tous les pays catholiques, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Or ces pèlerins, pour la plupart, franchissaient les Pyrénées par le col même qui, à l’aller comme au retour, avait livré passage à l’armée franque. Au débouché de ce col, à Roncevaux, s’éleva bientôt un hospice où les pèlerins étaient hébergés pendant deux jours et pouvaient se reposer de leurs fatigues. On désignait à leur dévotion la chapelle élevée par Charlemagne sur le col qui domine Roncevaux ; on leur montrait le cor qu’avait fendu le souffle de Roland, et le rocher qu’il avait entamé des derniers coups de

  1. Il est impossible de deviner, saint Jacques ayant été décapité à Jérusalem, ce qui suggéra l’idée étrange de reconnaître le tombeau de cet apôtre dans le sépulcre antique qu’on avait en effet découvert près d’Iria. Il existait bien une légende, sans aucun fondement, d’après laquelle saint Jacques avait évangélisé l’Espagne : on imagina que des disciples qu’il avait faits dans ce pays, et qui l’avaient suivi à Jérusalem, avaient ramené en Espagne le corps de leur maître ; mais c’est un pur roman, copié en partie d’une autre légende. Voyez sur tous ces points la belle et décisive étude de Mgr L. Duchesne, Saint Jacques en Galice (Annales du Midi, t. XII, 1900, p. 145-180).