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être Juif (mais pourquoi Ahasvérus est-il cordonnier ?), – et par là même il a dû quelque peu modifier son crime. Il a supprimé le coup porté au Seigneur, reste de l’antique légende de Malc, et il a changé les paroles fatales du Christ. Au lieu de dire à l’inhumain : « Et toi, tu attendras que je vienne », Jésus lui dit : « Je vais me reposer, et toi tu marcheras jusqu’à la fin du monde. » Ce changement a sans doute été suggéré à notre auteur par la donnée même qu’il voulait introduire dans son récit. Il prétendait faire croire que son héros avait été vu récemment en Allemagne, et signaler des lieux où on l’avait rencontré ; il ne pouvait rendre cette histoire admissible qu’en ajoutant qu’il n’avait fait que passer dans chacun de ces lieux ; il était donc indiqué de substituer à la vie paisible et retirée de Cartaphilus la vie agitée et vagabonde d’Ahasvérus. Remarquons d’ailleurs que cette circonstance, qui, en s’accentuant davantage, devait être la grande cause de la popularité de la légende, n’est pas encore très accusée dans ce premier récit : Ahasvérus est inquiet, pressé, mais non condamné à marcher toujours ; il peut très bien s’entretenir longuement avec Paul d’Eitzen et autres, et s’asseoir à la table de ceux qui l’invitent ; il paraît faire à Hambourg et